dimanche 16 novembre 2014

UNDER THE SKIN - Jonathan Glazer - 2014


 
 
Laura est une extraterrestre qui s’est approprié le corps d’une terrienne. Au volant de son pick-up, elle aguiche des hommes solitaires. Son arme : son corps parfait, sa sexualité. Elle les entraîne dans une maison isolée où ils finissent happés par un sol miroir qui se dérobe sous leurs pieds. Ils sont ensuite vidés de leur substance, ne laissant flotter, comme un ballon vidé de son air, que leur enveloppe charnelle.

Pour Laura, c’est un rituel. Une obsession. Elle reste totalement insensible à leur sort et les tue les uns après les autres avec la froideur d’un serial killer. Elle n’en retire même pas un peu de plaisir. Pour qui, pourquoi le fait-elle ? Aucune réponse ne nous est donnée. Un motard la suit dans la l’ombre. Quel est son rôle ? Est-il le commanditaire de tous ces meurtres ?

Le schéma se répète inlassablement durant la première heure du film, comme un credo hypnotique, jusqu’à ce qu’un homme, dont l’apparence rebutante n’interpelle pas Laura, refuse de céder à ses charmes. La machine infernale se trouve subitement grippée.
 
 

Scarlett Johansson en mante religieuse à la sexualité vorace ? Nombreux sont ceux qui en ont rêvé. Jonathan Glazer l’a fait et offre une vision du corps de l’actrice comme rarement avant. Tour à tour piège meurtrier pour hommes à la libido exacerbée puis source d’interrogations pour celle qui prendra peu à peu conscience du manteau humain qu’elle porte. Elle découvrira des émotions et des sentiments, principalement la peur et le désir, et que cette peau sous laquelle elle vit n’est en réalité pas faite pour assouvir ses désirs. Elle observera son corps, habillé d’une lumière rouge sang superbe, avec perplexité. Elle se mettra en péril en laissant peu à peu la nature humaine lui entrer par les pores.

Un film étrange et fascinant. Sa lenteur et le parti pris esthétique y sont pour beaucoup. L’absence quasi permanente de dialogues associée à une musique proche de l’obsessionnel, à des bruits industriels, au brouhaha de la rue et des pensées des gens qui y circulent, crée un climat hautement anxiogène.
 
 

Alors oui, on peut reprocher à Jonathan Glazer une économie de moyens, des passages trop épurés, voire cliniques, peut-être même une certaine prétention, mais il n’est pas de meilleure façon pour glisser de la science-fiction à la réalité crue et pour donner du corps à ce film résolument dérangeant et effrayant.
 
 

Disponible en DVD et Blu-ray chez Ascot Elite Home Entertainment.

 

ST / 16.11.2014

NOS ETOILES CONTRAIRES - Josh Boone - 2014


J’ai fait de la résistance pendant plusieurs semaines. La bande annonce ne me faisait pas envie. Le sujet, aussi louable soit-il, me plombait déjà le moral par avance. Et j’ai ouvert mes oreilles. C’était encore l’époque des terrasses et les gens en parlaient : « Magnifique ! » « J’ai pleuré, mais pleuré, tu ne peux pas imaginer ! » De quoi m’interpeler. Dans le doute, j’ai quand même attendu la sortie en DVD pour le voir.

Hazel Grace Lancaster et Augustus Waters sont deux adolescents qui se sont rencontrés dans un groupe de parole pour cancéreux. Ils sont atteints de deux formes de cancer différentes. Ils tombent amoureux, découvrent la sexualité et les liens forts qui peuvent unir deux personnes irrémédiablement attirées l’une par l’autre.

Hazel Grace est une grande admiratrice de Peter van Houten, l’auteur d’un roman qui n’a pas vraiment de fin. Elle est curieuse de savoir ce qu’il advient de certains personnages. Augustus, qui souhaite faire plaisir à Hazel Grace, organise une rencontre avec l’auteur. Malheureusement, elle sera bien en deçà des attentes de la jeune femme, van Houten se révélant être un personnage atroce, antipathique et alcoolique.

Je ne vais pas vous raconter la fin, vous la devinerez rapidement, même sans voir le film.
 
 

Je ne fais donc pas durer le suspense : je me suis prodigieusement ennuyée. Et je reste polie. L’histoire de ces deux ados est certes touchante, mais la façon dont elle est portée à l’écran manque cruellement de finesse. La mise en scène de Josh Boone est sans relief. Totalement insipide. Ce que je déplore le plus, c’est le téléguidage des émotions : il faut pleurer là, là, et encore ici. Et à ce moment-là, il faut pleurer encore un peu plus fort. Tout ce que je déteste. Pour vous dire la vérité, moi qui suis plutôt du genre à être facilement émue au cinéma, je n’ai versé aucune larme. Pas la moindre émotion. Rien. Nada. Je me suis sentie prise en otage, victime de chantage émotionnel. Réaction contraire à celle recherchée par le réalisateur, j’ai été profondément agacée. Je fais l’impasse sur l’incrustation des SMS dans différents plans, même pas digne d’un film pour ados de seconde zone.

L’interprétation de Grace Hazel par Shailene Woodley est à sauver du naufrage global. Quant aux rôles secondaires, portés par des acteurs reconnus tels que Laura Dern ou Willem Dafoe, ils sont pitoyables. Laura Dern incarne une mère-potiche et Dafoe, un auteur pathétique.

Si certains apprécient ce genre de film, vous pouvez le trouver en DVD chez 20Th Century Fox. Pour les autres, gardez vos sous. Vraiment.



 

ST / 16.11.2014