mercredi 27 février 2013

FIFF 2013 - le programme ... et la sélection de Cinécution



Vous l’attendiez autant que moi ? Et bien le voilà, tout beau, tout chaud : le programme de la 27ème édition du Festival de Films de Fribourg !

Impossible pour moi de vous parler des quelques 103 films, dont 16 court métrages,  produits par 46 pays différents. Parmi tous ces films, 62 sont des premières suisses, 7 sont des premières européennes et 8 des premières internationales! Autant vous dire que le public du FIFF est un public gâté!
Laissez-moi donc  vous présenter mon menu personnel constitué des films que j’irai voir (ou revoir pour certains, enfin sur grand écran !) et dont je vous parlerai, ici même : un billet par jour de festival ! Je vous parlerai des films que j’ai vus dans la journée, des rencontres que j’ai faites, des émotions que j’ai vécues, de la même façon que je l’ai fait l’an passé.



Lorsque l’on tient entre ses mains un programme de festival de cinéma, la première chose sur laquelle on se rue, c’est la compétition internationale : 12 longs métrages, issus de 11 pays différents qui se disputeront le "Regard d'Or". Il va de soi que je vais tous aller les voir. Les voici donc, dans l’ordre dans lequel ils sont proposés dans le programme de poche :

Bwakaw - Jun Robles Lana - Philippines - 2012 : Il n’y a pas d’âge pour faire son coming out. René l’a fait à 70 ans. Il pense qu’il est trop tard pour tout : l’amour, la politesse et la générosité. Jusqu’au jour où son chien Bwakaw tombe malade.

El Limpiador- Adrian Saba- Pérou- 2012 : Eusebio est un homme d’âge mûr, solitaire et quelque peu bourru. Sa ville, Lima, est frappée par un virus inexpliqué. Il trouve dans une maison un enfant de 8 ans. Va-t-il s’ouvrir à ce petit orphelin ?
Fill the Void- Rama Burshtein- Israël -2012 : Immersion croustillante, douce-amère, dans la communauté hassidique de Tel-Aviv.

In the Name of Love- Lay Chong Nguoi Ta- Vietnam- 2012 : Khanh et Nhung sont tellement amoureux que même la pauvreté n’entache pas leur bonheur. Lorsqu’il s’avère que Khanh est stérile, Nhung décide de lui donner un enfant malgré tout. Elle couche avec Linh, qui alcoolique et violent, ne supporte pas très longtemps de vivre avec ce secret.
It’s a Dream- Mahmoud Ghaffari- Iran- 2012 : Roya, énergique et rusée, tente par tous les moyens de sortir d’une lourde dette. L’inégalité sociale et sexuelle ralenti le processus de remboursement. Peut-on échapper à des carcans si facilement ?

Los Salvajes- Alejandro Fadel- Mexique- 2012 : Cinq ados s’évadent de manière violente d’un centre de redressement argentin. C’est un pèlerinage d’une centaine de kilomètres qui commence, avec au bout du chemin, un foyer, peut-être.
Penance- Kiyoshi Kurosawa- Japon- 2012 : Quatre fillettes sont témoins du meurtre d’une camarade de classe. La mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable encore en liberté soumet les quatre enfants à un chantage pernicieux : elles feront pénitence toute leur vie si elles ne se remémorent pas le visage du tueur. Prenez un en-cas avec vous et réservez votre après-midi : ce film dure 4h30 et nous avons droit à 30 minutes de pause. Mais je crois que cela en vaut la peine… c’est mon petit doigt qui me le dit.

Sleepless Night- Jang Kun-Jae- Corée du Sud- 2012 : Entrer dans l’intimité d’un couple dont le désir d’avoir un enfant est compromis par le manque d’argent, le décalage de leurs rythmes de travail. Comment construire dans ces conditions ?
Three Sisters- Wang Bing- France, Hong Kong- 2012: Trois sœurs de 10, 6 et 4 ans tentent de survivre, livrées à elles-mêmes dans un petit village des montagnes du Yunnan. Le seul documentaire de la compétition.

Wadjda- Haifa-Al-Mansour- Arabie saoudite, Allemagne- 2012 : Une fillette de 11 ans, qui a tendance à défier les règles de la société islamique, aime les baskets et rêve d’un vélo. La participation à un concours qui consiste à psalmodier l’entier du Coran par cœur sera peut-être l’opportunité pour elle d’obtenir ce fameux vélo. Réalisé par la première femme cinéaste d'Arabie saoudite.
Watchtower- Pelin Esmer- Turquie- 2012 : La rencontre entre une femme enceinte et un gardien de poste anti-incendie. Tous deux semblent manifestement fuir leur passé.

Your Time is Up- Kim Sung-hyun- Corée du Sud- 2012 : L’histoire de deux frères qui vivent dans la tension. A l’origine de cette tension ? Une dette contractée par le benjamin à son frère aîné, lequel va sombrer dans le tourbillon de la vengeance.*
*Les textes de présentation des films sont issus du programme de poche

Le jury international sera composé de Jean-Pierre Bekolo, Kamara Kamalova, Braden King, Julia Murat et Carlos Sorin. Quel éclectisme ! Quelle qualité ! Le FIFF présentera 1 films réalisé par chacun des membres du jury. Ce sera donc l’occasion de voir ou de revoir « Historias que so existem quando lembradas » de Julia Murat, « Dias de Pesca » de Carlos Sorin, « Quartier Mozart » de Jean-Pierre Bekolo, « Road under the Skies » de Kamara Kamalova et « Here » de Braden King.

"Road under the Skies" - K. Kamalova

Le plaisir d’un festival de cinéma, en dehors de la compétition, c’est également de plonger dans les univers des sections parallèles, et elles sont riches au FIFF !

La section Cinéma de genre : à nous la victoire ! proposera des films de sports. Le sport comme espoir d’un monde meilleur, comme possibilité d’échapper à la réalité, comme possibilité de partir à l’étranger, comme moteur. Nous irons faire du hockey sur glace au Ladakh avec « One More » ou encore suivrons les aventures d’une équipe de volley-ball particulière avec « The Iron Ladies ». Nous assiterons à une partie de curling à but "humanitaire" avec tout l’humour à froid qui caractérise les cinémas du nord avec « Kong Curling » et verrons le seul film produit par l’immense Terrence Malick : « Endurance ». N’oubliez pas d’embarquer des barres énergétiques pour assister à ces séances ! Petit (énorme) bonus, la section sera complétée par 10 films supplémentaires qui seront disponibles sur www.lekino.ch dès le 16 mars. Un vrai marathon , j’vous dis !

Les enfants règlent leurs contes : c’est le titre de la section Décryptage. Les enfants sont les héros de cette section. Comment un enfant fait-il pour se débrouiller lorsqu’il est livré à lui-même ? Comment réagit-il face aux crises familiales, politiques ? Ces petits bouts de chou, exemples de courage et de force. « A Brand New Life », ou comment une fillette de 9 ans résiste à la douleur de l’abandon. Comment un garçon de 9 ans doit changer de nom et  n’a plus le droit d’appeler ses parents papa et maman ? C’est le propos de « Infancia Clandestina ».  Un bus devient un lieu de règlements de comptes et de confidences : c’est « The We and the I ».

Après Chappatte qui nous parlait de ses origines libanaises, cette année, c’est Atom Egoyan (!) qui présentera, dans la section Diaspora,  les films que la communauté arménienne en exile aime revoir pour atténuer la nostalgie. L’occasion de revoir deux chefs-d’œuvres du maître, « Ararat » et « Calendar », mais aussi des bijoux comme « Sayat Nova ». Le cinéaste ne sera pas présent, mais une interview est disponible ici.
Sur la carte de Bouli Lanners… ou comment je vais rêver par procuration, sachant que chaque film a été choisi par mon belge préféré ! Quand je parle de Bouli autour de moi, personne ne le connaît… et pourtant, quel génie ! Cinéaste, comédien, scénariste, peintre, sculpteur, Bouli fait tout, et tout merveilleusement bien. Je ne suis absolument pas objective : je l’aime, point barre ! Il proposera des films sur un thème qui lui est cher : l’homme et son rapport à la nature.  Et c’est avec bonheur que l’on va revoir des films forts et inoubliables comme « Aguirre » ou encore « Dersu Uzala ». Quel bonheur, mais quel bonheur ! Mon chouchou belge ne sera pas présent, car en pleine préparation d'un prochain film, cependant, une interview de Bouli Lanners est disponible ici.

Carte blanche est donnée cette année au NIFFF et plus particulièrement à sa directrice, Anaïs Emery.  Elle a choisi de présenter son réalisateur fétiche : Im Sang-Soo (!). Ce réalisateur sud-coréen est juste un génie ! Il sera présent et dirigera même une masterclass.  Ses deux derniers films seront projetés : « The Housemaid » et « The Taste of Money ».


Im Sang-Soo

L’Ouzbékistan sera le Nouveau territoire exploré cette année. Nul doute que nous découvrirons une cinématographie étonnante et détonnante!

Des poulpes, des extra-terrestres, des japonais en tenues romaines, voilà une partie de ce qui nous attend lors des désormais incontournables Séances de Minuit (qui, parce que nous sommes en Suisse ont lieu aux environs de 22 heures). Ce sont de moments de fous ! A découvrir, un film sous forme de lettre de réclamation à Steven Spielberg : « Nous avons eu la visite d’extra-terrestres, mais ce n’était pas du tout comme dans E.T ! », c’est « Abdullajon » de Musakov. On aura aussi la possibilité de suivre la vie et les humeurs de Paul Le Poulpe… oui, le fameux poulpe « Madame Irma » de la Coupe d’Europe 2010 : « The Life and Times of Paul the Psychic Octopus », ça ne s’invente pas ! Des séances de minuit sans un film qui dresse les poils ? Impossible ! C’est donc « Juego de Ninos », qui n’est pas sans rappeler « Les révoltés de l’an 2000 », film paranoïaque des années 70, qui se chargera de notre pilosité, de nos frissons et de nos sueurs froides. Enjoy, comme dirait l’autre !

Et que serait un festival de cinéma sans un film d’ouverture et un film de clôture ?  « Bekas » de Karzan Kader ouvrira les feux le 16 mars. Le film de clôture quant à lui viendra de Hong Kong. Aux commandes : Wong Kar-Wai, l’esthète. Probablement un des cinéastes les plus fascinants. « The Grandmaster », qui a fait l’ouverture de la dernière Berlinale, sera projeté en 1ère suisse le 23 mars.

Et cerise sur le sundae: "The Story of Film" de Mark Cousins. Un film fleuve de 15 heures sur l'histoire du cinéma.  Il sera projeté du lundi au vendredi de 9 heures à minuit. Cinéphiles chevronnés, c'est fait pour vous!

Débats, exposition, forums, tout ce qui fait le charme du FIFF et nous permet de partager avec les invités, tout cela et encore plus, notamment les horaires, à découvrir sur www.fiff.ch.

Voilà, maintenant, il ne me reste plus qu’à préparer ma grille de festivalière : caser tout ça sur 8 jours, jongler avec les horaires, les salles, optimiser les journées, prévoir des plages café et papotages... Va y avoir du sport !

En attendant le 16 mars, rendez-vous jeudi 28  février, pour la première avant-première à Fri-Son!

Je me réjouis, et vous?



Festival International de Film de Fribourg ¦ 16-23 mars 2013
Tickets online dès jeudi 28 mars sur www.starticket.ch , dans les lieux de vente Starticket et au
Centre du festival, Ancienne Gare, Fribourg de 12h à 18h

dimanche 24 février 2013

FRI-SON fait son FIFFéma

 
 
 
Une collaboration entre FRI-SON fait son cinéma et le Festival International de Films de Fribourg (FIFF), enfin! Voilà une bonne nouvelle pour tous ceux, qui comme moi, trouvent le temps long entre chaque édition du FIFF.
 
Pour cette première collaboration (et souhaitons que ce ne soit là que le début d'une belle aventure), FRI-SON et le FIFF nous proposent, à travers "Final Cut - Ladies and Gentlemen" de György Pálfi, une immersion cinématographique ultime!
 
En effet, la particularité de ce film est de raconter une histoire d'amour en utilisant plus de 500 extraits de films célèbres, en reliant le tout avec les musiques qui ont fait l'histoire du cinéma. La cinéphile en moi est toute émoustillée!
 
 
 
 
Le Monsieur pourrait être résumé de la façon suivante: charmant comme Marcello Mastroianni dans "La dolce Vita", aussi inquiétant que Brad Pitt dans "Fight Club", une bouille enfantine comme Leonardo du Caprio dans "Titanic", ou alors comme Alain Delon dans "Rocco et ses frères", mais en plus grand, un peu comme Belmondo. Il possède le sex-appeal dévastateur d'un Clark Gable, mais également la mélancolie d'un Tony Leung dans "In the Mood for Love". Il est aussi incisif qu'un Sean Connery ou un Daniel Craig dans un James Bond, mais aussi imprévisible et excentrique qu'un Zoltan Latinovits dans "Szinbad". En même temps, il est maladroit comme Chaplin dans "Les Temps modernes", et également un peu énigmatique et effrayant comme Gary Oldman dans "Dracula"... sans oublier qu'il possède l'humour de Woody Allen dans "Annie Hall".
 
La Dame, quant à elle, possède plein de qualités: imprévisible et instinctive comme la Lollobrigida, mais possédant la grâce d'Audrey Hepburn. Elle a le charme enfantin d'Audrey Tautou, mais la froideur et la distance de Greta Garbo. Elle est drôle et familière comme Julia Roberts, mais son sourire est celui d'Ava Gardner. Elle est divine comme Sophia Loren, mais ne tient pas ombrage si on la confond avec Monica Bellucci. Elle sait ce qu'elle veut comme Sharon Stone, mais ne rechigne pas à être aussi éthérée que Liv Tyler lorsqu'elle joue une fée. Et bien sûr, elle embrasse comme Kim Novak.
 
Que peut-il bien arriver lorsque le Monsieur rencontre la Dame? A en croire le dossier de presse, c'est "l'histoire d'amour ultime": tout un programme!
 
 
 
C'est le quatrième long métrage du talentueux et imprévisible cinéaste hongrois, après "Hukkle", "Taxidermia" et "I'm not your Friend". C'est, confronté à une récente crise financière de l'industrie du cinéma hongrois, que Pálfi s'est mis à l'écriture de ce scénario avec Zsófia Ruttkay. C'est ainsi qu'est né "Final Cut-Ladies and Gentlemen", sans que Pálfi n'ait fait aucune démarche pour obtenir les droits de ces quelques 500 extraits de films. Il va s'en dire que cela pose quelques problèmes pour distribuer le film et que c'est uniquement via les festivals que les spectateurs ont le bonheur de découvrir cette histoire d'amour qui a tout d'universelle, vu qu'elle s'inspire de l'inconscient collectif représenté par des extraits de films qui parlent à tout le monde. Et cerise sur le gâteau, Pálfi a régulièrement été remarqué, loué, récompensé dans des festivals de renom, tels que Cannes, Sundance ou San Sebastian. Ce qui nous promet, sans aucun doute, un film de qualité.
 
 
 
Si tout ce qui a été écrit ci-dessus ne suffit pas à vous convaincre que nous allons (oui, parce que j'y serai avec certitude) assister à un moment rare, je ne sais plus quoi faire... Donc, vous l'aurez compris: il faut venir, nom d'un p'tit bonhomme!
 
 
FIFF et FRI-SON fait son cinéma présentent "Final Cut - Ladies and Gentlemen" de György Pálfi
Jeudi 28.02.2013 | portes 19h | projection 20h | CHF 12.-
 
 
 
 



lundi 18 février 2013

SYNGUE SABOUR - Atiq Rahimi - 2012

"Syngue sabour", littéralement "pierre de patience", est une pierre que l'on pose devant soi, pour lui confier tous nos secrets, nos souffrances, nos malheurs. Elle les absorberait jusqu'à ce qu'elle explose. A Kaboul, un homme, décrit comme étant un héros de guerre, est dans le coma. Blessé par une balle dans la nuque, il n'est pas revenu à lui. Sa jeune épouse, abandonnée par tous les autres membres de la famille, reste à son chevet, accompagnée de ses deux enfants. La guerre se faisant trop menaçante, notamment avec la présence de milices dans les rues, elle décide d'abandonner son époux et de prendre la fuite avec ses deux enfants. Elle se rend chez sa tante, une prostituée. D'une discussion entre femmes, ressort la légende de la pierre de patience. La jeune femme voit,  dans cette possibilité de s'exprimer, une opportunité de se libérer. Dorénavant, son mari deviendra sa pierre de patience. Elle confie donc ses enfants à sa tante et retourne au chevet de son époux.  
 
La suite du film est un huis-clos entre la femme et son époux inerte. Un monologue qui prend une signification toute particulière pour une femme musulmane: elle peut enfin parler. Elle a le droit à la parole, et personne, surtout pas son époux, ne pourra l'empêcher de s'exprimer. Elle lui confiera tout, cherchant probablement à provoquer un retour de conscience de son mari. Ses souvenirs d'enfance, la première nuit avec son mari, ses envies de femme, ses désirs les plus intimes et ses plus grands mensonges: elle dira tout. Le point de départ de cette longue confession est cette phrase qu'elle prononce: "C'est la première fois que tu m'écoutes, et cela fait dix ans que nous sommes mariés".
 
Au fur et à mesure que le film avance, la femme se découvre et se libère, aussi bien physiquement (elle se soigne, prend garde à la façon dont elle s'habille), que moralement. La libération passe par la parole, plus que par le corps, même si son corps, en le mettant à disposition d'un jeune milicien, lui permet de rester en vie. C'est aussi une façon pour elle d'affirmer ses désirs. Dans une ultime confidence, la pierre de patience explose.
 
 
 
Il est difficile de dire quel amour éprouve la femme pour son mari. Ses paroles assassines sont quelques fois en totale contradiction avec ses gestes qui sont d'une grande tendresse. C'est toute l'ambiguïté de l'être humain qui se révèle alors.
 
Atiq Rahimi met la parole au centre du film, il s'en explique de la façon suivante: "Je suis issu d'une culture dans laquelle l'oralité est fondamentale dans un pays ou 95 % de la population est analphabète. A l'oral, c'est le rythme qui prime, d'où l'importance de la poésie et des contes. D'un autre côté, cette parole est assez limitée par rapport à l'écriture ; en tant que phénomène sociale, elle implique une certaine autocensure. Dire ou ne pas dire, telle est la question!"
 
Cette autocensure dont parle Rahimi prend tout son sens lorsque la femme parle des moments où elle se masturbait parce que son mari ne lui donnait pas de plaisir. Aussitôt cette confidence faite, elle la regrette et se jette sur le Coran. La culpabilité: un état dans lequel elle est enfermée depuis son enfance et duquel elle s'extrait petit à petit.
 
 
 
Golshifteh Farahani, actrice iranienne qui tient le rôle de la femme, est non seulement une femme à la beauté bouleversante, mais est elle-même une femme militante qui connaît de l'intérieur les sociétés phallocrates. Elle transcende son personnage, rendant cette femme presque universelle. Une interprétation touchante et puissante.
 
Atiq Rahimi adapte ici son roman lauréat du Goncourt en 2008 avec talent. Les cadrages sont magnifiques et la mise en scène superbe. La guerre n'est que la toile de fond, le contexte, qui nécessite des réactions de la part des personnages. Celle de la femme sera son émancipation progressive qui la mènera jusqu'au statut de prophétesse, lorsque le muezzin, à la fin du film, récite la parabole qui considère Khadija, épouse du prophète Mahomet, comme la véritable prophétesse.
 
C'est la deuxième fois qu'Atiq Rahimi porte un de ses romans à l'écran, la première fois, c'était avec
"Terre et Cendres" en 2004. Atiq Rahimi a donné à son film, malgré le huis-clos, une envergure énorme,  et une esthétique sublime. Un film qui marque et qui, en tant que femme, me rappelle encore une fois, la chance que j'ai de pouvoir m'exprimer, de vivre, de penser, en toute liberté. Un film important par le message qu'il délivre. A voir, vraiment.
 
 
 
Votre Cinécution
 
 

dimanche 17 février 2013

DESPUES DE LUCIA - Michel Franco - 2012

Un film qui commence comme une énigme: un homme va chercher une voiture dans un garage, roule, puis s'arrête en plein trafic, sort du véhicule et l'abandonne, clés sur le tableau de bord. Quelques secondes plus tard, on retrouve le même homme, avec une jeune fille à ses côtés, il roule, encore. La communication entre les deux personnage semble être au point mort. Les choses se construisent petit à petit et le spectateur commence à comprendre le lien entre l'homme et la jeune fille et ce qui leur arrive.
 
Roberto et Alejandra, sa fille, ont quitté Puerto Vallarta après le décès accidentel de Lucia, respectivement épouse et maman, pour emménager dans la banlieue de Mexico.
 
Alejandra intègre un nouveau lycée et une nouvelle bande d'amis, principalement issus de la petite bourgeoisie, tandis que son papa cherche activement un  nouveau job. Chacun, avec beaucoup de pudeur, essaie de surmonter ce deuil cruel. Le papa se mure dans un silence qui laisse Alejandra démunie. Bien qu'étant plein de tendresse l'un envers l'autre, ils s'isolent dans leur chagrin, tâchant, tant bien que mal, de se préserver l'un l'autre.
 
La vie d'Alejandra tourne au cauchemar, lorsque qu'à l'issue d'une soirée un peu trop arrosée, une vidéo compromettante circule sur le net. Elle devient dès lors la souffre-douleur de ses camarades. Humiliations, bizutages, insultes, coups, la jeune femme subit des agressions quotidiennement. Le pire, l'insoutenable, c'est qu'elle accepte tout cela. Cette acceptation est extrêmement choquante pour nous spectateur. Elle incitera d'ailleurs ses camarades à redoubler de violence. Cependant, elle ne montrera rien qui ne puisse interpeller son père, trop absorbé par son chagrin, et qu'elle souhaite protéger. La violence envers la jeune fille va crescendo et le final, qui frise la folie, nous laisse pantois devant une forêt de points d'interrogation, angoissés et songeurs.
 
 
 
Michel Franco livre un film brutal. Il n'y a pas ou peu de mise en scène, c'est au spectateur de faire le travail, de réunir tous les indices pour comprendre où il est et ce qu'il se passe. Franco dénonce également cette violence qui a cours dans les écoles, mais qui, avec les récentes technologies, prend un nouveau visage. Une jeune fille, un peu naïve, et en manque d'amour, comme beaucoup de jeunes en deuil, cède un peu trop rapidement à un jeune homme peu scrupuleux : la vidéo de leurs ébats sexuels se retrouvera en ligne et fera d'elle la catin du lycée. Une violence physique et psychologique que Michel Franco nous montre sans aucune concession: « Je cherche avant tout à ne pas manipuler le spectateur, à susciter sa réflexion plutôt qu’à brusquer sa perception. Je ne m’inscris dans aucune tradition mélodramatique où il s’agit de jouer avec l’émotion. Je pense que le public est intelligent et je me refuse à jouer la carte de la provocation, ce qui serait un contresens, vu le contexte du film. ».
 
 
 
 
Ce film a remporté le prix de la sélection "Un certaine Regard" au dernier festival de Cannes et est en route pour les Oscars où il représentera le Mexique. Un film choc, dérangeant, parce qu'il place le spectateur en observateur impuissant. Un film bouleversant par sa sobriété. A voir absolument.
 
 
 
 
Votre Cinécution
 
 
 
 

HITCHCOCK - Sacha Gervasi - 2012

En 1959, Hitchcock est au sommet de son art avec "La Mort aux Trousses", mais il n'a aucune idée du scénario de son prochain film.
 
A la lecture du roman "Psycho" de Robert Bloch, inspiré par des faits réels, l'histoire d'Ed Gein, tueur en série américain, "Hitch" sait qu'il tient là le sujet de son prochain film.
 
Dans un premier temps, il se rend à la Paramount, à laquelle il doit encore un film. Cette dernière, peu encline à adapter un roman aussi sombre, refuse de produire ce qui sera le 47ème long métrage du Maître du suspens et sans doute, son plus grand succès populaire. "Hitch" décide alors, d'un commun accord avec son agent, de mettre lui-même les fonds pour produire "Psycho". La Paramount se contentera de distribuer le film.
 
L'écriture du scénario est confiée à Joseph Stefano. Le scénario sera présenté à une délégation de la commission Hays, dont le code vise la censure de scènes pouvant potentiellement provoquer des scandales et entacher la réputation des studios hollywoodiens. Hitchcock, très malin, saura déjouer ces impératifs de façon brillante, notamment dans la très célèbre scène de la douche.
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Ce sont ces quelques mois de la vie d'Hitchcock que nous propose Sacha Gervasi, se basant sur le livre de Stephen Rebello : "Alfred Hitchcock and the Making of Psycho" publié en 1990.
 
Comment vous dire? Ce film est un joyeux divertissement dont le héro, contrairement à ce que le film pourrait nous faire croire, n'est pas Alfred Hitchcock, mais son épouse, Alma Reville. "Derrière chaque grand homme se cache une femme", et c'est cette femme qu'Helen Mirren interprète magistralement. Cette femme, qui a toujours soutenu son époux dans tout ce qu'il entreprenait, fait sa petite révolution. Elle exprime sa frustration de n'exister que dans l'ombre du "grand et génial Alfred Hitchcock".
 
 
 
Anthony Hopkins n'est que peu crédible en "Hitch". On ne le voit pratiquement que de profile ou en ombres chinoises (de profile encore, c'est la seule réussite visuelle), ou encore flou au second plan. Parce qu'il faut bien l'admettre, à aucun niveau, ni physiquement, ni vocalement, ni dans la gestuelle, Hopkins nous rappelle Alfred. Il est décevant dans cette interprétation sans envergure du Maître du suspens. On ne sent aucune implication, et cela est dérangeant. Heureusement, les dialogues de John J. McLaughlin et Stephen Rebello donnent un peu de causticité au personnage.
 
Scarlett Johansson est quant à elle incroyable en Janet Leigh... jusqu'à la voix qui est saisissante de ressemblance.
 
Je n'ai pas lu le livre de Rebello, et ne connaîs de la vie de Hitchcock que peu de choses, si ce n'est ses films dont je suis absolument fan. Mais il y a tellement à découvrir de l'homme dans ses films que j'ai le sentiment de bien le connaître. Que ce soit sa recherche perpétuelle de la blonde glaciale, son sens de la direction d'acteur tout personnel, et son humour pince-sans-rire, tout cela m'est bien familier. C'est un film où l'on rit beaucoup.
 
Le nombre de références aux films d'Hitchcock peuvent laisser sur le carreau certains spectateurs moins cinéphiles et cela est déplorable. Beaucoup de dialogues, de pointes d'humour se basent sur ces connaissances précisément.
 
Vous n'apprendrez pas grand chose sur l'homme, mais vous passerez un agréable moment, et qui sait, certains auront peut-être envie de se plonger un peu plus dans l'univers fascinant du Maître du suspens... je vous y encourage !
 
 
 
 

LE PETIT PLUS...

Voici une présentation de plus de 6 minutes du film "Psycho" par Hitchcock lui-même. L'occasion aussi de voir que l'homme ne manquait pas d'humour. "Psycho, le film que l'on doit voir depuis le début ou pas du tout".
 
 
 
 
et le remake plan par plan qu'en a fait Gus van Sant en 1998:
 
 
 
 
 
Votre Cinécution
 
 

LES MISERABLES - Tom Hooper - 2012


"Les Misérables" a été créée en 1980 sur la scène du Palais des Sports à Paris, dans une mise en scène de Robert Hossein. Cette comédie musicale, adaptée  du célèbre roman de Victor Hugo par Alain Boublil et Jean-Marc Natel, et écrite par Claude-Michel Schönberg, déchaîne les enthousiasmes, surtout depuis qu'elle a été adaptée en anglais par Herbert Kretzmer en 1985. Depuis 30 ans, elle est jouée en continu dans le monde, et plus particulièrement sur les planches anglophones. C'est donc à un monument de la comédie musicale et de la littérature française que Tom Hooper s'attaque.

L'histoire des "Misérables" est, grosso modo, connue de tous. Chacun de nous, qu'il ait lu le roman de Victor Hugo ou non, se fait une image très précise de Cosette, des Thénardier, de Fantine, de Jean Valjean ou de Javert.

Pour ma part, j'ai toujours trouvé l'adaptation de Kretzmer très moyenne.  Le livret, essentiellement axé sur la rédemption de Valjean, l'omnipotence de Dieu, le caractère révolutionnaire réduit à simple élan romantique et la misère crasse, a une certaine tendance à basculer dans le misérabilisme, chose que je ne supporte pas. De plus, la musique, à mi-chemin en lyrisme et variété, ne fait qu'accentuer cet état de fait.

Tom Hooper a fait le pari de faire un film entièrement chanté. Sacré challenge, mais qui, au fur et à mesure que le projet avançait, semblait s'imposer. De plus, il a offert l'occasion à ses acteurs de chanter en live lors des prises de vues. Ils étaient ainsi totalement libres de créer sur l'instant. Cela aurait pu donner de l'intensité, mais vu les faussetés, cela devient rapidement un supplice pour les oreilles.

S'agissant des images, le réalisateur se confie au magazine Première : "Je voulais des images réalistes... Mais en même temps, je n’ai pas hésité à faire du cinéma épique, énorme et très pictural. Ma première scène est quasiment biblique – avec ces bagnards, l’eau, la violence, les fouets, les cadrages serrés sur les visages… J’avais besoin d’un feeling énorme et monstrueux. Je voulais alterner les deux pôles : du réalisme brut et sauvage pour ancrer les chansons, mais un style plus lyrique et plus épique que mes précédents films".  Trop "énorme", trop "lyrique" et trop "épique" justement, c'est là que le bât blesse. Hooper m'a totalement perdue, générant une espèce de rejet, au bout de 45 minutes environ. Je n'en pouvais plus. Trop de tout: trop de maquillage, trop de lyrisme, trop d'exaltation, trop, trop, trop. J'en étais écoeurée.



Cherchant à sonder l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus profond, Tom Hooper a raté le coche, en faisant, en sortant la grosse artillerie, un film superficiel, certes très beau visuellement, mais profondément vide. J'en veux pour preuve la scène où l'on découvre les Thénardier, campés par Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen. Du grand-guignol! Helena Bonham Carter, qu'on croirait tout droit sortie de "Sweeney Todd", version colorée mais costume et coiffure identiques et Sacha Baron Cohen qui roule les "r" comme un italien... insupportable! Si Sacha Baron Cohen faisait sourire dans son rôle de Pirelli dans "Sweeney Todd", ils donnent ici une image des Thénardier complètement à côté de la plaque. Ces deux personnages, du moins la façon dont ils sont interprétés, discréditent une bonne partie du film. Quant à Javert, interprété par un Russel Crowe, en manque de charisme comme jamais, n'est que rarement inquiétant. Les seuls qui peuvent tirer leur épingle du jeu sont Hugh Jackman (bien que son Valjean soit un brin pleurnichard à mon goût) et Anne Hathaway en Fantine, rôle qui lui vaudra sans doute un Oscar, les américains étant friands de ce genre de performance: 150% Actors Studio...



D'autre part, ce que je reproche à Hooper, c'est de prendre le spectateur en otage, lui dictant ses émotions et lui indiquant de manière très claire, où il doit pleurer, sourire, être ému. Ce qui est particulièrement crasse. Cela donne un peu l'impression que Hooper a reçu un jour à Noël le manuel "Comment obtenir un Oscar en 5 étapes"... Construire un film sur une envie d'obtenir une récompense, en occurrence l'Oscar,  en collant à tous les éléments qui touchent ceux qui le décernent, laissant le spectateur lambda sur le carreau, je trouve cela peu honnête. Mais cela n'engage que moi. Je préfère nettement le Hooper du "Discours d'un roi", qui certes avait quelques défauts, mais qui au moins avait le mérite d'avoir une sensibilité honnête.

A vous de vous faire votre propre opinion, vu qu'il existe également des critiques dithyrambiques... "Si tu n'aimes pas, n'en dégoûte pas les autres" comme dirait l'autre...





Votre Cinécution




 

mercredi 13 février 2013

LE VIEIL HOMME A LA CAMERA - Nasser Bakhti - 2012

Bernard Bovet est né le 11 septembre 1918. Le jour de ses 60 ans, il reçoit de la part de ses enfants une caméra Super 8. Dès cet instant, c'est avec la caméra vissée au poing qu'il aura à coeur de mettre sur pellicules les choses qui lui sont chères: les gens, les sourires, la montagne, les vaches. Autant d'images de la vie rurale, plus particulièrement celle de paysan d'alpage, qui témoignent d'une époque presque révolue et qui ont valeur anthropologique, tant les représentations de ce style de vie sont rares. Bernard Bovet tournera pas moins de 70 films, tous conservés à la Bibliothèque cantonale universitaire de Fribourg.
 
Nasser Bakhti dresse le portrait plein de sensibilité de ce vieux monsieur plein de sagesse. Un documentaire livré sans aucun commentaire. Le cinéaste laisse vivre les instants: il saisit le moment, capte l'émotion, la joie et la peine au moment où elles sont vécues, avec bienveillance.
 

Bernard Bovet vit aujourd'hui dans une résidence pour personnes âgées, partageant son quotidien avec Jean, Annie, Victoire et plein d'autres. Jean, c'est son ami. Ils se sont rencontrés au home et se sont instantanément liés d'amitié. Ils ont un point commun : le patois. Ils se baladent ensemble, prennent des "petits verres", parlent de la mort, du temps qui passe et qui ne reviendra pas. Ils parlent de leurs épouses. Bernard est veuf depuis 20 ans et l'épouse de Jean est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Chacun à sa façon doit faire le deuil de sa tendre moitié. Bien sûr, certains sujets, comme la foi par exemple, les partagent. Cela donne lieu à de délicieux moments de discussion entre les deux hommes, mais n'entame en rien cette belle amitié.
 
 
 
Bernard est un homme simple. Il a travaillé dur dans les alpages pendant 50 ans. Il s'est totalement dévoué à son travail qu'il aimait profondément. Bernard est un amoureux du Moléson. Ce Moléson qu'il a tant rêvé, depuis le jour de ses huit ans, lorsqu' il a reçu son premier livre de lecture qui était illustré par un dessin du Moléson avec un chalet. Il savait déjà qu'il y vivrait les plus moments de sa vie. Bernard nous parle avec tendresse de sa famille et des valeurs qu'elle véhicule.
 
 
 
Nasser Bakhti s'attarde beaucoup sur les mains de Bernard, que ce soit lorsqu'il manipule sa caméra, lorsqu'il prépare ses films pour des séances dans les homes voisins ou quand il remonte à l'alpage et prend grand plaisir à refaire des gestes qu'il a effectué des centaines de fois. Bien sûr le corps est fatigué, mais le bonheur qu'il ressent à reproduire ces gestes transparaissent sur l'écran. C'est de toute beauté.
 
Ce documentaire n'est pas dénué d'humour. La sagesse de Bernard, bien qu'étant triviale, est exprimée avec des mots qui lui sont propres, très imagée et  avec un sens de la formule incomparable. Le tout accompagné par des chants traditionnels fribourgeois qui parlent au coeur de tous. N'oublions pas que Bernard Bovet est le neveu de l'Abbé Bovet... ne pas entendre de chants aurait été sacrilège!
 
 
 
"Le vieil Homme à la Caméra" est un documentaire sur le temps qui passe, la vieillesse, la fragilité et la force des souvenirs. Un film tout empreint de nostalgie, qui bien qu'elle nous serre le coeur de temps à autre, n'en est pas moins un moteur pour les générations à venir.
 
 
 
Votre Cinécution
 

Prochaines projections de "Bernard Bovet, le vieil homme à la caméra":

 
- Lausanne : Cinéma Bellevaux dès le 13 février, tous les jours à 20h 45. Séance spéciale le 13 février à 19h en présence du réalisateur et dimanche 17 février à 14h et 20h45
 
Nyon : Cinéma Capitole dès le 13 février, tous les jours à 16h. Séance spéciale le 17 février à 14h en présence du réalisateur .
 
- Orbe : Cinéma Urba dès le 22 février, tous les jours à 18h . La séance spéciale le 24 février en présence du réalisateur.
 
- Vevey : Cinéma Rex le 16 et le 17 février à 14h
 
- Genève : Cinéma du Grütli le 12 février à 17h:15 / 14 février à 19h/ 17 février à 15h:15 / 18 février à 19h:15
 
Plus d'infos sur: www.troubadour-films.com
 

FIFF 2013 - Ready, steady, etc...

Du 16 au 23 mars 2013, un FIFF à ne pas manquer!



Chaussez vos baskets et enfilez vos survêtements, le film de sport sera à l'honneur dans la section CINEMA DE GENRE! Du hockey sur glace au Ladakh au ping-pong en Corée, voilà une partie des nombreux sports que nous allons pratiquer.
 
Autre belle nouvelle, le réalisateur Atom Egoyan présentera, dans la section DIASPORA, des films que la communauté arménienne en exil aime regarder pour se souvenir du pays.

Cerise sur le sundae, Bouli Lanners (mon chouchou!) quant à lui jouera les chef de cuisine et composera son propre et savoureux menu SUR LA CARTE DE...

Le NIFFF aura droit à sa CARTE BLANCHE, l'occasion pour Anaïs Emery, sa directrice, de rencontrer un de ses cinéastes fétiches, lequel animera également une masterclass. On se réjouit de découvrir de quel cinéaste il s'agit.



Dans la section DECRYPTAGE, ce sont une dizaine de films-portraits d'enfants, qui aux quatre coins du monde doivent se débrouiller, se battre et faire face aux crises ou à l'abandon, qui attendent les festivaliers.

La section NOUVEAU TERRITOIRE nous fera voyager du côté de l'Ouzbékistan cette année. Du pain béni pour les cinéphiles qui n'entendent jamais parler de la production cinématographique de ce pays d'Asie centrale.

World Cinema Foundation sera à l'honneur dans la section HOMMAGE A... Fondée à l'initiative de Martin Scorsese, cette fondation sauve des chefs-d'oeuvre qui seraient amenés à disparaître faute de moyens pour les restaurer ou les conserver. 

Qui plus est, fort du succès des séances de minuit de l'an passé, ce ne seront pas moins de 8 (oui, 8, huit, eight, acht!) séances de minuit qui seront proposées cette année. De quoi ravir les amateurs de cinéma populaire de tous horizons et raccourcir nos nuits!

Et pour encore plus de plaisir, le public pourra découvrir des classiques ou encore des films de référence qui ont posés les codes du cinéma de genre dédié au sport, mais également quelques films qui ont marqué l'édition 2012,  ceci avant le début du festival sur www.lekino.ch Une façon de toucher toute une génération de spectateurs habitués au visionnement de films sur ordinateur.

Pour les plus impatients, il y aura deux avant-premières:

- le jeudi 28 février à Fri-Son, Fribourg: "Final Cut" du hongrois György Pálfi



- le mardi 12 mars au CinéMovie 1 à Berne: "Infancia Clandestina" de Benjamin Avila



Et finalement, pour ceux qui aiment les chiffres, ce ne seront pas moins de 110 films, dont 20 courts métrages produits par 45 pays différents qui seront projetés. De quoi satisfaire les appétits des plus gourmands!

Vous l'aurez compris, les journées seront chargées et les nuits seront courtes, mais je serai là pour vous proposer un papier quotidien comme l'année passée! J'ai déjà commencé ma cure d'ovomaltine, de sels minéraux et de vitamines pour ne pas caler en chemin et pouvoir suivre le rythme trépidant de la plus belle semaine de l'année! Réjouissez-vous, moi, je suis déjà en ébullition!
 




Votre Cinécution



Le programme complet sera dévoilé le 27 février 2013.


Pour rester informé: www.fiff.ch

lundi 11 février 2013

L'INVITE : Nasser Bakhti




C'est après avoir vu le sensible "Bernard Bovet, le vieil homme à la caméra" que j'ai eu envie de rencontrer Nasser Bakhti. Nasser, avec son épouse Béatrice, également productrice et réalisatrice, ont fondé, il y a plus de vingt ans, leur propre société : Troubadour Films. Lorsque Nasser réalise, Béatrice monte. Lorsque Béatrice réalise, Nasser produit. Tous deux fourmillent d'idées en permanence. Leur travail est proche des gens, ce qui leur vaut de jolis succès auprès du public romand, mais également hors frontières où leurs productions se sont régulièrement retrouvées sélectionnées dans des festivals et ont remporté de nombreux prix.
Nasser Bakhti n'a jamais parlé de ce qui l'a mené au cinéma, de son enfance à Baraki, dans la banlieue d'Alger. Il a accepté de nous en parler, et de nous parler aussi du cinéma qu'il affectionne. Un moment touchant que je vous laisse découvrir.
Vous avez grandi en Algérie, quels sont vos premiers souvenirs d’enfance liés au cinéma ?

Je me rappelle que j’étais vendeur de pois chiches au cumin à l’âge de 6-7 ans dans le cinéma Trianon à Baraki, situé dans la banlieue d’Alger. C’était le seul cinéma de notre quartier. Je restais la plupart du temps avec ma marmite. Je mettais les pois chiches dans des cornets, j’y mettais du cumin et du sel, et les gens rentraient s’installer dans la salle. De temps en temps, je ne sortais pas. Je demandais au gars qui coupait les tickets de ne rien dire et de me laisser à l’intérieur de la salle. J’ai découvert pas mal de films indiens, égyptiens, à l’époque il y avait de magnifiques films égyptiens en noir et blanc, et bien sûr les films que l’on disait de « cow-boys  et d’indiens » (rires)… C’étaient mes premières images de cinéma. Je les ai découvertes de cette manière-là.
Par la suite, il y a eu le collège et Alger. Je descendais à Alger pour voir d’autres films. C’est là que j’ai découvert le cinéma italien des années 70, le cinéma français de la nouvelle vague, le cinéma américain. J’étais plus porté par le cinéma italien des années 70. J’adorais ces films qui commençaient de façon tellement drôle et qui se terminaient en tragédies.  Je suis resté marqué par un film : « Un Bourgeois tout petit petit » de Mario Monicelli. Il commence avec une belle relation entre un père et son fils comme une comédie. Au milieu du film, le fils est tué par accident et le film bascule dans une brutalité incroyable. J’adorais ça.
A la fac, c’était la cinémathèque, les débats, les discussions sur le cinéma, Godard, Truffaut. Puis j’ai quitté l’Algérie parce que j’avais terminé mes études et que je voulais voir autre chose. J’ai atterri à Londres. J’y suis resté, non pas que c’était une intention de départ, mais parce que j’avais trouvé du travail et que je m’y plaisais. J’y ai rencontré mon épouse qui fréquentait une école de cinéma, et j’ai rencontré des gens passionnés, j’ai assisté à des tournages.  Je n’avais jamais dit que j’écrivais des short stories. Quand j’ai montré mes textes à mon épouse elle m’a demandé pourquoi je n’écrivais pas des scénarios. Et c’est là que j’ai découvert l’écriture des scénarios.  J’ai ensuite fait une école de mise en scène et d’écriture, the Mountview Art and Drama School. On a ensuite crée notre boîte ensemble et j’ai fait mon premier film, un film pour Channel 4. Je suis retourné en Algérie pour les besoins de ce documentaire.

Quand est-ce que la caméra est entrée dans votre vie ?

A Londres. J’ai toujours pensé pouvoir raconter des histoires. J’avais pris cette habitude d’écrire de façon imagée. A la maison, on n’avait ni TV ni radio et ma grand-mère aimait raconter des histoires. Elle les racontait de façon tellement imagée que c'était un film qui défilait devant nos yeux. On était suspendu à ses lèvres. Le premier film que j’ai fait, pour Channel 4, on m’a renvoyé chez moi… C’était pour une série de documentaire qui s’appelait « South » et le principe était que des réalisateurs qui venaient du sud devaient retourner dans leur pays pour réaliser un film sur l’évolution de leur pays d’origine.
Comment s’est passé ce retour ?

Cela faisait 6-7 ans que je n’étais pas retourné au pays. J’étais un peu gêné. C’était une période difficile, une des plus sombres de l’Algérie depuis son indépendance. Il y avait des tueries.  Channel 4 m’avait dit : vous devez évoquer l’Algérie d’avant et celle qu’elle est aujourd’hui. Cela faisait 7 ans que j’étais ailleurs, je ne me voyais pas être le porte-parole de cette Algérie-là. Ce que j’ai fait, c’est que j’ai demandé à mon père, qui a été le premier algérien à avoir fait le tour de l’Algérie à pieds. Je suis tombée sur un petit carnet où il avait mentionné toutes les villes qu’il a traversé. C’était avant l’indépendance, donc elles portaient encore leur nom français. Mon père a accepté d’être le témoin de l’Algérie d’hier et celle d’aujourd’hui. Le film s’intitule « Le Marcheur solitaire ».  C’est à ce moment-là que je me suis dit : ça je peux faire. Je peux passer le message, mais je ne peux pas prétendre que j’ai vécu ce que les gens ont vécu à cette époque.
J’avais quitté l’Algérie alors que c’était un pays vert. On vivait presque à l’occidentale. On avait des cinémas, des débats politiques, on pouvait parler de tout. Et d’un seul coup, plus personne ne pouvait parler. Ce n’était pas l’Algérie que je connaissais, tout le monde se méfiait de tout le monde. C’était assez difficile. On tournait, il y avait l’armée dans la rue.

"Le Marcheur solitaire", 1993


Dans les années 60, il y a eu une seconde vague d’émigration, notamment vers la France. Qu’est-ce qui a fait que votre famille, elle, est restée à Alger ?

On était une famille nombreuse ! Je suis né en 60 et chaque année, il y avait un nouvel enfant…  nous sommes 11 enfants en tout (rires)… Je suis l’aîné. Mon père a travaillé dur pour nourrir sa famille, ce n’était pas si facile que ça. Mais, on a eu une éducation, beaucoup d’amour, de partage, avec ce que l’on avait. Mon père a tout fait pour que sa famille ne manque de rien. Nous avons tous étudiés. Comme il le dit lui, il a fait ce qu’il fallait. La journée, il partait à 6 heures du matin et rentrait vers 20 heures. C’était surtout les week-ends que l’on passait avec lui, sinon, on passait tout notre temps avec notre maman.

Tout cet amour, cette solidarité, cette tendresse, cela se ressent beaucoup dans vos films. Vous mettez l’humain au centre. C’est important vous ?

Tout se fait à travers l’humain. Si l’on veut raconter une histoire, c’est à travers quelqu’un qui l’a vécue. Que ce soit dans la fiction ou dans le documentaire, la base de mon intérêt, c’est l’humain. Si j’écris une fiction, je commence par créer les personnages avec lesquels je dialogue et même, quel que soit l’état de ces personnages, j’y mets de l’humanité. Je vis avec eux, je suis toujours en rapport avec eux, en conflit ou en dialogue. C’est la même chose pour un documentaire : si un personnage peut me toucher et provoquer chez moi des émotions, je suis certain qu’il touchera d’autres personnes.  S’il peut m’apporter au niveau de l’expérience de vie, il peut apporter à d’autres.  J’aime lorsque les gens peuvent découvrir un film, partager un beau moment et apprendre quelque chose.
"Adieu, l'armailli", 2003

Pour vous, le plus important, c’est raconter une histoire et provoquer des émotions…

Je favorise l’émotion. L’image peut véhiculer tellement de choses. Peut-être que je suis trop porté par les sentiments, sans doute l’influence des films indiens de mon enfance, comme « Mother India », que j’ai retrouvé 40 ans après l’avoir vu et qui me marque toujours autant. On a beau essayer de mettre un voile, de rester digne, il faut vivre ses émotions jusqu’au bout. Quand on rit, il faut rire aux éclats, et quand on pleure, il faut pleurer sans retenue, vivre pleinement ses émotions.
Quand je sors d’un film, que je l’aie aimé ou non, je l’exprime, je suis passionné. Le cinéma véhicule des émotions. On est touché par l’histoire d’une personne qui doit atteindre un but et par le chemin qu’il doit entreprendre pour y arriver.


Quel regard portez-vous sur le cinéma algérien d'aujourd'hui, principalement constitué de cinéastes issus de l’émigration comme Rachid Bouchareb ou Rabah Ameur-Zaïmeche  ?

Leurs films évoquent toujours l’Algérie. J’ai connu l’essor du cinéma algérien, après l’indépendance. C’étaient toujours des films sur la révolution. Il ne faut pas oublier que l’on est le seul pays d’Afrique du Nord à avoir décroché une palme d’or à Cannes avec « Chroniques des années de braise » de Mohammed Lakhdar-Hamina. Il y avait un vrai cinéma et tout à disposition. Des caméras 35 mm, un laboratoire. Dans les années 70, il y avait tellement de films co-produits par l’Algérie, notamment des films d’Yves Boisset ou de Costa-Gavras. Et en 1991, tous les jeunes cinéastes, les techniciens se plaignaient. Les cinéastes issus de l’émigration on eut ce besoin de reparler de l’Algérie. Mais je pense sincèrement qu’il y a une nouvelle génération de cinéastes, je ne les connais pas, mais ce ne sont pas seulement des hommes, il y a aussi des femmes. Je sais qu’il y a une ouverture énorme. Ils veulent relancer le cinéma.

Ce cinéma peut-il exister en dehors des festivals ?

Il existe un problème plus grave, il n’y a plus de salles de cinémas ! A mon époque, il y avait des cinémas à chaque coin de rue… Aujourd’hui, je pense qu’il reste un cinéma à Alger, celui situé sur le front de mer.  La situation qu’a vécue l’Algérie dans les années 80, plus de musique, plus de cinéma, cela a tué le film. Les films qui sont tournés en Algérie ne trouvent pas de public. Ils trouvent leur public  seulement dans les festivals.

Vous avez fait deux fictions, « Le Silence de la Peur » qui parle du racket dans les écoles et « Aux Frontières de la Nuit » qui parle entre autre de l’exil. Ce dernier film, comme vous me l’avez confié, parle aussi d’une certaine manière de vous. Vous a-t-on fait sentir que vous veniez d’ailleurs ?

On le sent... L’exil, on le ressent tout le temps. C’est une fibre que l’on peut facilement heurter. On sait que l’on  n’est pas d’ici. Tout dépend dans quel milieu on atterrit. Ce que j’ai voulu raconter dans « Aux Frontières de la Nuit », ce n’est pas le racisme, c’est la solitude de l’exilé. Montrer que derrière les sourires, il y a toujours un moment où l’on se retrouve seul, vraiment seul. Je ne voulais pas traiter de la thématique de l’émigration, et c’est pour cela que je parle aussi des autochtones. Il y a 3 suisses et 2 étrangers dans mon film. C’est un film sur la solitude et l’amour. Comment on se retrouve dans un pays et comment on peut y être adoptés. Comment on a des droits et des devoirs. Ces cinq personnages dont les destins vont s’entrecroiser à Genève. Quand on a mal, on souffre tous de la même manière. Si ce message-là est passé, je suis ravi ! Je pense que c’est un des plus beaux films que j’ai fait, et mes enfants sont fiers que j’aie fait ce film. Il y a beaucoup de moi-même dans ce film. La scène de l’anniversaire a marqué les gens : quelqu’un qui fête ses trente ans se retrouve tout seul dans la foule et personne ne sait qu’il fête son anniversaire. Il en vient même à se chanter « Joyeux anniversaire » à lui-même. C’est un moment de solitude tellement douloureux. Je sais ce que c’est que de fêter son anniversaire tout seul dans une ville comme Londres où personne ne vous sourit,  et le lendemain, à 7 heures, comme si de rien n’était, aller ouvrir le restaurant dans lequel vous travaillez comme barman.
"Aux Frontières de la Nuit", 2008
Comment surpasse-t-on ces douleurs ? Où va-t-on chercher la force de se réveiller le lendemain matin ?
Chez les autres. On se dit : on est en bonne santé et si on a quelques personnes avec qui on peut partager ce sentiment de joie ou de douleur, c’est énorme.
Au marché aux puces à Genève, il y a des habitués, des personnes âgées, super bien habillés, et il suffit de leur dire bonjour et de partager un moment pour les rendre heureux. On ne connaît pas leur histoire, et on voit qu’ils ont du plaisir à partager ces instants et à quel point ils sont importants pour eux. Ils repartent avec un grand sourire. J’ai appris énormément. Je n’invente rien : je prends des destins et j’essaie de les mettre en avant. Je prends beaucoup de plaisir à le faire.

Passeur, en même temps un peu éponge ?
Oui, c’est ça. Un artiste en général, pas seulement un cinéaste, doit être une éponge puis redonner aux autres…

Mais avec un regard personnel…
Bien sûr ! Il le faut ! C’est primordial le regard personnel et les gens y sont sensibles. C’est ce qu’ils attendent et c’est ce qui leur fait découvrir un univers différent. Finalement, on raconte toujours la même histoire, mais avec un regard différent à chaque fois. Le portrait de Bernard Bovet (ndlr : Le vieil homme à la caméra) ressemble tellement au portrait de mon père dans « Le Marcheur solitaire ». Avec Bernard, j’ai eu une vraie relation. Cela a pris du temps, 3 ½ ans de tournage.  Il connaît ma femme, mes enfants, je connais ses enfants… Je suis en admiration devant ces gens qui ont l’expérience de la vie et qui la transmettent.

Vous parlez de regard personnel, vous en avez un tout particulier sur la fabrication du Gruyère que vous ne vous lassez pas de filmer…

(éclats de rires)… Je découvre et rien n’est évident pour moi. Cela ne fait pas parti de ma culture. Je suis comme un enfant, je découvre les yeux grands ouverts avec émerveillement. Ce sont des gens travailleurs qui répètent des gestes séculaires, mais qui pour moi sont une découverte. C’est important de montrer ces gens dans leur quotidien et de montrer à quel point cela est beau. 40 ans qu’il fait le même geste, avec ferveur. Je trouve cela beau, et c’est sincère.

Je n’avais jamais vu ce côté sensuel de la fabrication du fromage…

Oui, ils le caressent, ils le bichonnent. Je suis émerveillé devant ce spectacle… Maintenant si je dis que je veux refaire un film sur les fromageries d’alpage en Gruyère, on me dira : on sait Nasser, on sait ! (rires)...
Les vaudois fabriquent aussi du Gruyère si jamais…

(Rires)… sérieusement, je suis en train de travailler sur une fiction qui se passe dans le milieu de la fromagerie d’alpage… cela s’appelle « Une Vie pourtant si tranquille ». C’est actuellement en cours d’écriture.

"Bernard Bovet, le vieil homme à la caméra", 2012



Vous avez un genre de films que vous appréciez tout particulièrement?


Je suis fan de films de suspens, de thriller, des films où il y a un code. Il y en a des tonnes qui sont nuls parce qu’ils appliquent une recette déjà toute faite. Mais il y en a d’autres qui nous marquent. Lorsque je suis sorti de « Usual Suspects » de Bryan Singer, je n’arrivais plus à parler… comment il nous a baladés ! La fin m’a explosé l’esprit. « Seven », la même chose. « Twelve angry Men », par exemple, c’est un film qui a marqué mon enfance. On était pris du début jusqu’à la fin. « The Wrong Man » d’Hitchcock, c’est un film construit, on est pris de l’intérieur.

J’aime aussi beaucoup les comédies où l’on va juste pour rire : c’est le cas avec les comédies d’Alain Chabat ou celles des frère Farrelly par exemple. On a juste passé un bon moment et puis c’est tout.

Et quels sont vos projets ?

« Derrière les Murs », c’est l’histoire d’un immeuble durant tout le mois de décembre : le regard sur l’autre, la tolérance, comment les habitants communiquent. De la rue, je rentre dans l’intimité des gens.
Quand j’avais mon bureau à la rue du Grand-Bureau, vers 2  heures du matin, il y avait une vieille dame, toute menue, en peignoir, qui s’installait devant sa fenêtre et restait là, silencieuse juste devant moi. Et tout à coup, il n’y a plus eu de lumière à cette fenêtre. J’étais mal. Je me suis demandé si les gens de l’immeuble connaissaient son histoire, la vie qu’elle a vécue. Sans la connaître, je l’ai appelée Aimée. Et c’est elle qui est à l’origine de ce projet et je l’ai créée dans sa solitude, dans son grand appartement. J’espère le tourner en 2014 et le sortir en 2015.


Merci Nasser Bakhti !


Propos recueillis le 10 février 2013 / Cinécution