dimanche 30 décembre 2012

BEASTS OF THE SOUTHERN WILD - Benh Zeitlin -2012

Ce film, profondément bouleversant, va m'obliger à vous faire découvrir un côté de ma personnalité que je n'aime pas trop mettre en avant, tant il est inscrit dans mon quotidien... mais soit, quand il le faut, il le faut. Je suis d'une génération, les 30-45 ans on va dire, qui est née et qui a grandi avec la découverte du trou dans la couche d'ozone. Dès l'enfance, on nous a inculqué plusieurs principes: faire attention au dégagement de CFC (bannir les bombes aérosols), privilégier les transports en commun, manger selon les saisons et des produits locaux, à trier méticuleusement nos déchets. Bref, une génération qui a grandi en pensant à la Nature et ce qu'elle sera susceptible de laisser à ses enfants. J'ai grandi en campagne et le village de mon enfance, aujourd'hui, est méconnaissable. On compte sur les doigts d'une main les agriculteurs qui ont survécu et on peut "admirer" des locatifs sur des espaces qui, lorsque j'étais enfant, étaient des champs, nos terrains de jeux favoris. J'étais tellement fière de ramener des bouquets de fleurs des champs à ma maman en rentrant de l'école. Ce temps est révolu. Une grande zone industrielle a vu le jour et n'arrête pas de s'étendre... Vous pensez la digression mal à propos? Que nenni!

L'industrialisation galopante, qui par la construction d'un barrage met en danger toute une communauté qui jusque là vivait, certes très modestement, mais heureuse, est un des leitmotive du film de Benh Zeitlin. Cette communauté, c'est celle de Hushpuppy, une gamine de 6 ans qui vit dans le Bashtub, un des bayous du sud de la Louisiane. Orpheline de mère, la petite vit avec son père et passe le plus clair de son temps à écouter le coeur des animaux qui l'entourent et à tenter de décrypter ce qu'ils peuvent bien lui délivrer comme messages. Elle répète : " Lorsque je ferme les yeux, je vois tout ce qui m'a fait voler autour de moi, en toutes petites pièces. Je me rends compte que je ne suis qu'une toute petite part de ce très grand Univers".

Son père est brutal, ses excès d'alcool en sont la cause, mais il est néanmoins plein de tendresse. Une tendresse qu'il exprime bien maladroitement mais que l'on découvre peu à peu durant le film.



La petite communauté va être mise à rude épreuve avec le passage d'une tempête. Les autorités souhaitent évacuer le bayou, mais les membres de cette famille particulière refusent. Le bayou est frappé de plein fouet. Une embarcation de fortune les maintient au-dessus de l'eau.

Hushpuppy va se distinguer par son courage et sa détermination. Elle va grandir trop vite, parce que les circonstances l'exigent. Une petite fille qui ne va pas considérer les embûches comme des obstacles, mais comme un postulat de départ qui va la forcer à vivre, quoiqu'il arrive.

Un film hautement métaphorique, utilisant des passages oniriques comme passerelles vers la réalité, mais aussi comme aide à la décision et à l'affirmation de soi.



Zeitlin, ne boude pas son plaisir et nous fait (re)découvrir les mystères des bayous, des rites vaudous (je pense au médicament fabriqué par la maîtresse d'école pour le père d'Hushpuppy), mais également ses fortes personnalités: des gens fougueux, courageux et généreux.

Et de fougue, le premier long métrage de Benh Zeitlin n'en manque pas. Il est partout, au plus près des gens, des animaux, des choses. Il nous montre sans ménagements les dégâts que l'industrialisation à outrance provoque sur la Nature, mais également les forces et les fragilités de l'humain lorsqu'il a conscience de la place qu'il occupe. Il est un animal comme un autre qui doit se nourrir: le père d'Hushpuppy pêche à la main, lui explique comment broyer les crabes pour les manger et tue les volailles qui courent autour de sa maison.  Alors oui, le film est cruel, violent. Mais il nous montre aussi, au travers de la détermination de la petite que l'on a le choix:  on participe en tant qu'entité constituant l'Univers, en le respectant, ou on finit sur le grand buffet de l'Univers, comme petit déjeuner. Et c'est là le message écolo. L'homme, dans sa folie,  n'a pas ménagé la Nature. La banquise et les glaciers fondent, les tempêtes et les ouragans se multiplient, les écosystèmes sont chamboulés. L'homme, cet "animal comme les autres" a déréglé la machine... et reçoit la facture, plutôt salée.




Bien sûr, en se mettant si proche de cette communauté de défavorisés, Zeitlin, qui a utilisé des débris laissés par l'ouragan Katrina pour construire ses décors, ne manque pas de dénoncer aussi un gouvernement qui a, n'ayons pas peur des mots, merdé! Combien de personnes sont décédées lors du passage de l'ouragan Katrina par manque de coordination? Zeitlin dit qu'il ne souhaitait pas accabler les politiques ni même éveiller les consciences, il souhaitait que les gens répondent à cette question: "Comment trouvez-vous la force de regarder mourir ce lieu qui vous a rendu unique, sans perdre l'espoir, la joie et cet esprit de fête incroyable qui le caractérisent?". Il a trouvé des réponses auprès des habitants de la région. Et c'est comme ça qu'est née Hushpuppy, cette fillette de 6 ans qui doit "...trouver à l'intérieur d'elle-même toute la puissance du sud de la Louisiane" selon Benh Zeitlin.

Bref, "Beasts of the southern Wild" est un film fort. Pour ne rien vous cacher, j'ai été très émue. J'ai lâché le contrôle de mon cerveau "conscient" pour n'en laisser s'exprimer que la partie reptilienne dès les premières images. J'ai été happée par Hushpuppy qui m'a tenue la main pendant toute la durée du film. J'ai dû attendre le 28 décembre pour voir, probablement, le plus beau film de l'année.




Votre Cinécution




 

lundi 24 décembre 2012

L'INVITE : Carlo Chatrian

Le Festival del Film Locarno ou comme certains aiment à l’appeler : le plus petit des grands festival. Je vous ai déjà dit, dans un précédent papier, à quel point je suis attachée à ce festival. C’est un festival qui propose des films en avant-première, des films plus confidentiels, des documentaires, mais également des rétrospectives qui permettent aux cinéphiles comme moi, de voir ou revoir des chefs-d’œuvres de l’histoire du cinéma sur grand écran. C’est un festival qui permet à tout le monde, et aisément (même s’il faut quelques fois se battre pour avoir une place dans les salles, tant il est fréquenté), d’entrer en contact avec cet univers fascinant. La Piazza Grande est un endroit de rencontres et de rêves. Des cinéastes, des acteurs et actrices de renom y défilent tous les soirs. C’est un peu la cerise sur le sundae, à côté de toutes les belles découvertes que propose ce festival.
Aujourd’hui, en guise de cadeau de Noël, j’ai le très grand plaisir, et l’honneur, de vous proposer un entretien avec Carlo Chatrian, directeur artistique du Festival del Film Locarno. Dans un agenda surchargé, le nouveau directeur artistique du Pardo m’a accordé du temps pour parler de cinéma. C’est une bien belle personnalité : un homme enthousiaste, sensible, profondément amoureux du cinéma et possédant une envie presque irrépressible de transmettre cet amour et de provoquer, au travers de sa programmation, des émotions. Rendez-vous sur la Piazza Grande, et dans toutes les autres salles qui font le Festival del Film Locarno, du 7 au 17 août 2013 pour découvrir la vision du cinéma de Carlo Chatrian. Réjouissez-vous !
 
Carlo Chatrian, de quand date votre passion pour le cinéma ?
Elle me vient de l’enfance, comme pour beaucoup de personnes passionnées par le cinéma.

Je suis né en 1971, donc, en quelques sortes, je suis né avec la télévision. La télévision faisait partie du mobilier de la maison (rires)… Le samedi, à 14 heures, il y avait une émission qui diffusait des film muets américains, je la regardais. Ainsi j'ai vu des Laurel et Hardy ou des Charlot. Mais c’est vraiment par la télévision que j’ai vu mes premiers films.
Je fais une différence entre film et cinéma. Il y a plein de propositions cinématographiques qui entrent dans les maisons via la télévision et maintenant l'ordinateur. Mais le cinéma, c’est une autre approche : déjà, c’est l’idée de sortir de chez soi, accompagné dans un premier temps par les parents ou les grands-parents, de choisir un programme, d’acheter un billet, d’ être dans une salle avec plein d’inconnus et de partager des émotions avec ces inconnus.
Sur grand écran, les premiers films qui ont touché mon imaginaire étaient surtout des films mainstream américains, comme « Les Aventuriers de l’Arche perdue »  de Steven Spielberg par exemple (rires)
 
 
Ce n’est qu’en arrivant au lycée que ma vision du cinéma s’est élargie. Je faisais partie du ciné-club. Tout d’abord c’était le cinéma italien, évidemment, Marco Bellocchio, Bernardo Bertolucci… Vers 14-15 ans, je suis sorti du cinéma italien et j’ai découvert le cinéma hongrois, français. Le ciné-club, c’était 1-2 fois par semaine, mais lorsque j’étudiais à l’université, là j’ai commencé à fréquenter les festivals. Mon premier festival était le Festival du Film de Turin, alors que j’étudiais dans cette ville. Mais pour vraiment être en immersion totale, il faut quitter la ville où on vit et fréquenter des festivals ailleurs. C’est en 1992-93 que je suis allé, grâce à l’université, à Pesaro. Et là, ce fut l’immersion totale ! (rires)… J’ai eu accès à un cinéma que je connaissais moins, le cinéma de documentaire. Et surtout, j’ai commencé à rencontrer des cinéastes. Locarno, j’y suis allé pour la première fois en 1994. De 1994 à 2002, j’y étais comme critique et j’ai toujours trouvé la programmation de Locarno variée et enrichissante.
 
J’ai participé de l’intérieur au Festival del Film Locarno depuis 2002. Je suivais tout d’abord des conférences de presse, animais des débats, puis j’ai commencé à faire un travail de sélection puis je suis devenu curateur de plusieurs rétrospectives : Nanni Moretti, Manga Impact, Ernst Lubitsch, Vincente Minnelli et Otto Preminger.
 
J’ai aussi créé un festival : le festival du film d’Alba et collaboré à plusieurs autres.
 
 
 
Qu’est-ce que l’on ressent lorsque l’on est nommé à la direction artistique d’un festival comme celui de Locarno ?
Tout d’abord, lorsque j’ai reçu la proposition, ce fut un très grand honneur. Je me suis senti flatté et surtout, cela m’a fait un énorme plaisir. Puis, vient le côté « opérationnel » : ce que je dois faire, mais apprendre aussi. J’envisage les actions que je dois entreprendre et le travail que cela représente. Il y a une équipe qui fonctionne très bien et sur laquelle je peux compter. Il y a aussi de nouvelles personnes très compétentes qui sont arrivées avec moi, sur lesquelles je peux aussi compter.
Je crois que j’ai un parcours qui ne me fait pas craindre une telle tâche, d’autant que je crois vraiment bien connaître ce milieu. Mais c’est une grande responsabilité. La programmation doit être à la hauteur de ce festival, spécialement celle de la Piazza Grande: elle doit être pointue mais également parler à un plus large public.
 
La Piazza Grande, Locarno
 
Votre rôle en tant que directeur artistique, est-il celui d’un « passeur » ?

Bien sûr, il y a cette idée de la transmission. Il faut visionner beaucoup de films et être capable de repérer les bons films, de trouver des choses précieuses qui parlent à la communauté à laquelle j’appartiens. Trouver quels sont les attraits de certains films et lesquels sont susceptibles de provoquer des émotions pour le public, mais aussi pour moi.
 
Je me sens aussi quelques fois comme un colporteur (rires)… un marchand ambulant qui quelques fois fait les choses de manière clandestine et qui conserve beaucoup de secrets (rires)… Les colporteurs à une époque servaient d’aide au passage de montagne, de lac…  chaque film est une invitation au voyage.
 
Donc oui, je suis un passeur, mais également un colporteur ! (rires)
 
Qu’est-ce qui va vous démarquer des précédentes directions ?
Ce sera avant tout mes goûts personnels, ma personnalité, ma sensibilité. Ce sont des choses propres à chaque personne.
 
Au niveau structurel, il n’y aura pas énormément de changements. L’organisation actuelle fonctionne bien. Il y a beaucoup de diversité à l’intérieur de chaque section. Le cinéma d’avant-garde restera une priorité. Mais le dialogue entre les cinémas du passé, du présent et du futur, est une chose qui me tient à cœur. Comment un film de Georges Cukor par exemple peut avoir un écho dans un  film d’aujourd’hui malgré les différences (son, image) ? Il y aura toujours des éléments qui restent et qui créent des liens. J’ai envie de créer ce passage et de maintenir ce dialogue entre des films qui font l’histoire du cinéma et les films d’aujourd’hui.
 
Vous avez trois enfants, je crois. Quels sont les films qu’un papa comme vous montre à ses enfants ?
Oui, j’ai trois enfants. Ils ont 11, 9 et 6 ans. Lorsque mon premier était petit, il dormait peu et on regardait des films ensemble. Je leur montre des films d’animation de Miyazaki par exemple, mais aussi des films Pixar. Ils ont vu tous les Buster Keaton et la plupart des Charlie Chaplin, mais aussi des films de Lubitsch ou Minnelli.
 
 
Vous savez, je travaille quelques fois à la maison, et lorsqu’ils rentrent de l’école, ils viennent me voir et il arrive qu’ils restent à regarder un film avec moi, ou alors ils s’ennuient et ils partent (rires)
Lorsque je travaillais sur une rétrospective Peter Mettler pour le Festival du Film de Florence, la plus petite s’est assise, et a regardé presque en intégralité « Picture of Light », un film qui parle des aurores boréales. C’est ce qui est magique : les enfants, dans les premières années, alors qu’ils ne savent pas lire et ne comprennent pas tout, se laissent hypnotiser par des images. Lorsque les instruments cognitifs deviennent plus « conscients », on se laisse moins emporter. Le cinéma, c’est avant tout un spectacle hypnotique, il faut se laisser aller…
 
En ce moment, mes enfants et mon épouse regardent la Trilogie du « Seigneur des Anneaux » de Peter Jackson, parce que dimanche, on va voir « The Hobbit »… alors il faut se rafraîchir la mémoire (rires)
 
S’il devait y avoir un film, un seul, une référence, ce serait lequel ?
Ce serait un film composé de plusieurs images de différents films. Cette idée de proposer un seul titre irait à l’encontre de tout ce que je vous ai dit précédemment. Mais ce film serait composé en partie d’images de « Viaggio in Italia » de Roberto Rossellini, d’ « Hiroshima, mon amour » d’Alain Resnais ou encore des « Amants crucifiés » de Kenji Mizoguchi…et de bien d’autres !
 
Merci Carlo Chatrian !
Si vous avez envie d’avoir un contact ou de suivre le quotidien d’un directeur artistique d’un grand festival, Carlo Chatrian tient un blog. Il est important pour lui d’avoir un contact direct avec les spectateurs. C’est ici que ça se passe.
 
Propos recueillis par téléphone le 22 décembre 2012 / Cinécution

dimanche 23 décembre 2012

MES 20 INDISPENSABLES DE NOËL

Qui dit période de Noël dit vacances et un peu de temps libre. Chaque année, comme bon nombre de mes connaissances, je revisionne les films qui me tiennent à coeur. Des films dont je ne parle pas forcément tous les jours, tant certains sont franchement mauvais, mais ils font partie intégrante de moi, de mon enfance, de mon adolescence. Cela réconforte de les revoir, rappelle des souvenirs. Alors comme c'est une période de listes (chacun fait sa petite liste des événements de l'année, moi la première), je vous livre, ici, les 20 films que je vais revoir avec délectation durant ce congé de fin d'année... qu'importe qu'ils soient bons ou mauvais, ils ont une forte résonance, et c'est ce qui compte.
 
 

IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST de Sergio Leone (1968)

Bon, ce film, je l'ai vu à plusieurs reprises avec mon papa lorsque j'étais enfant. Je l'aime tout simplement. J'aime la musique d'Ennio Morricone. J'aime les gueules de Charles Bronson et d'Henry Fonda. Et je trouve Claudia Cardinale superbe. J'ai aussi pleuré en regardant ce film avec mon papa. Parce qu'il y a des scènes très touchantes. Bref, j'adore ce film.



AUTANT EN EMPORTE LE VENT de Victor Fleming (1939)

Un film que j'ai vu et revu, en long, en large et en travers. Ma petite soeur regardait toujours ce film avec moi. Nous connaissions toutes les répliques du film par coeur. Et Clark Gable est juste charmant. Oui, la première fois que j'ai vu "Autant en emporte le Vent", Clark Gable a emporté mon coeur... taratata!



QUAND HARRY RENCONTRE SALLY de Rob Reiner (1989)

Un film aussi vu et revu adolescente... je l'aime bien ce film. Je le trouve léger et sympathique. Et l'adolescente que j'étais, aimait bien ces mièvreries. Mais franchement, qui ne l'a pas vu et qui n'a pas ri aux éclats lors de la simulation d'orgasme dans le restaurant...



CASABLANCA de Michael Curtiz (1942)

Ce film, je l'ai découvert grâce à "Quand Harry rencontre Sally", eh oui! Vous vous souvenez de ce moment où ils sont au téléphone et regardent "Casablanca" simultanément? Et bien, c'est là que j'ai découvert "Casablanca" et que j'ai eu envie de le voir. J'en suis tombée amoureuse. Je le revisionne plusieurs fois par an et spécialement en période de fêtes. C'est aussi le film qui m'a donné envie de découvrir le cinéma américain des années 30, 40 et 50.

 
 
 

LA MELODIE DU BONHEUR de Robert Wise (1965)

Les aventures de la famille Von Trapp! Julie Andrews et Christopher Plummer (que je trouvais tellement beau). Enfant, je connaissais toutes les chansons par coeur... aujourd'hui encore!
 

 
 

MARY POPPINS de Robert Stevenson (1965)

Là aussi, je chantais tout le film lorsque j'étais enfant. J'étais fascinée par cette capacité qu'avait Mary Poppins d'entrer dans des tableaux...
 

 


LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER de John Hughes (1986)

Parce que l'on a toutes et tous rêvé d'être un jour Ferris Bueller et de faire l'école buissonnière comme lui...



CERTAINS L'AIMENT CHAUD de Billy Wilder (1959)

C'est avec ce film, que je suis tombée sous le charme de Marilyn. J'ai ensuite eu envie de voir tous ses films... et qui plus est, c'est une bien belle comédie et un moment de pur plaisir.


CITIZEN KANE d'Orson Welles (1941)

Dois-je vraiment encore dire pourquoi?



TO BE OR NOT TO BE d'Alan Johnson (1983)

Vu et revu avec mon papa. Tellement drôle. Il m'a fait découvrir l'original d'Ernst Lubitsch. Mais, étrangement, c'est toujours celui-ci qui me vient en premier lorsque quelqu'un évoque "To be or not to be?"...



CINEMA PARADISO de Giuseppe Tornatore (1989)

Simplement parce que je trouve ce film poétique et qu'il me touche au plus profond de moi. Peut-être un des films déclencheur de ma cinéphilie. Je me suis si souvent sentie comme Toto...


THE COURT JESTER de Melvin Frank (1956)

LE film de mon papa et moi. Cette année, il aura une résonance toute particulière: je n'ai plus mon fidèle acolyte pour répondre en choeur en dialogues du film... alors oui, cette année, il est obligatoire.


WEST SIDE STORY de Robert Wise (1961)

Pour la musique géniale de Leonard Bernstein...



DIRTY DANCING d'Emile Ardolino (1987)

Parce que ce film est culte et que je le regardais en cachette de mes parents qui le trouvaient trop érotique... Une autre époque...


 

DINNER FOR ONE de Lauri Wylie (1963)

Très peu connu des romands ce sketch est un pur bonheur! Chaque année, nous le regardions en famille le soir du 31 décembre... et cette année encore je le visionnerai...


GREMLINS de Joe Dante (1984)

Qui n'a pas rêvé d'avoir un Mogwaï, franchement?


 

LIMELIGHT de Charlie Chaplin (1952)

Enfant, j'étais fascinée par cette histoire d'amour impossible. Le personnage de Calvero est tellement touchant... un film qui a accompagné mon enfance.


¨

L'ARBRE DE NOËL de Terence Young (1969)

Un joli souvenir d'enfance... mais qu'est-ce que j'ai pleuré en voyant ce film... avec Bourvil et William Holden (trop trop séduisant, mais là, c'est l'adulte qui parle)...


 

DOCTEUR FOLAMOUR de Stanley Kubrick (1964)

Tellement drôle et tellement cynique. J'adore! Encore un film que je regardais avec mon papa et on riait comme des bossus...


 

STAR WARS , épisodes IV, V et VI (les meilleurs) de Georges Lucas (1977-1983)

Encore trois films qui ont marqué mon enfance et que je regarde une fois par année avec des yeux de gosse... "Au secours Obi Wan Kenobi, vous êtes mon seul espoir!"...



Voilà les 20 films que je visionne en général durant le congé des fêtes de fin d'année. Puissiez-vous être inspirés par l'un d'entre eux. Belles Fêtes à tous!

Votre Cinécution

dimanche 16 décembre 2012

AU-DELA DES COLLINES - Cristian Mungiu - 2012

 
 
Les personnes qui ont vu "4 mois, 3 semaines et 2 jours", Palme d'Or en 2007, ne l'auront pas oublié. Ce film se déroule dans les dernières années de la dictature de Ceausescu et parle d'une jeune étudiante qui cherche à se faire avorter. Un véritable pamphlet, un film brûlot! Il avait provoqué une vive indignation au Vatican, notamment à cause de la façon dont est traité le foetus. Bref, ce n'est pas avec "Au-delà des Collines" que Cristian Mungiu s'est assagi. Et c'est tant mieux!
 
Inspiré d'un fait divers qui a eu lieu en 2005 en Moldavie, le film parle d'un exorcisme qui a mal fini, provoquant la mort d'une jeune femme. Mais on est très très loin de "L’Exorciste" de William Friedkin! Ce n'est pas un film fantastique: c'est un film profondément ancré dans la réalité et c'est précisément ce qui glace le sang.
 
 
 
 
 
Alina et Voichita sont deux jeunes femmes qui ont grandi côte à côte dans un orphelinat roumain. Inséparables pendant toute cette période, c'est une amitié amoureuse qui les lie. Alina, devenue adulte quitte la Roumanie pour aller travailler en Allemagne. Voichita, elle, reste au pays.
Lorsqu'Alina revient en Roumanie et retrouve Voichita, les choses ont changé. Voichita a intégré un couvent, le Couvent des Collines, dirigé par un prêtre orthodoxe extrémiste qu'elle appelle "Papa". La vie au couvent est stricte et rythmée par les offices et les tâches ménagères. Le Père garde ses brebis en leur martelant perpétuellement que l'on n'est jamais seul si l'on aime Dieu, en prônant la confession (464 péchés "recensés" dans les livres de l'Église orthodoxe!) et en assénant des pénitences à longueur de journée. La notion de culpabilité est un leitmotiv.
 
 
 
 
Alina, profondément éprise de Voichita, ne supporte pas qu'elle ait embrassé à ce point la religion, elle viscéralement athée. Dieu a détourné son amour. La jeune femme commence dès lors à blasphémer et à injurier les membres de la petite communauté. Tout d'abord emmenée à l'hôpital, soupçonnée de crises d'hystérie, c'est un collège de médecins et d'infirmières incompétents qui la renvoie au couvent, avec une liste de médicaments à ingérer, mais également une recommandation: "Priez pour elle!". Et là, Cristian Mungiu est particulièrement irrévérencieux envers la religion. En effet, derrière le médecin trône un triptyque, à la façon des icônes orthodoxes, représentant, comme en suite logique, une madone, une femme nue devant un coucher de soleil et la Joconde! Sublime de cynisme!
 
 
 
Les crises d'Alina se poursuivent, mais elles ne sont que l'expression de son profond désespoir. Les membres de la communauté y voient la manifestation du malin. Et comme ils ne trouvent pas d'explication rationnelle (mais cherchent-ils vraiment?) s'engage alors un processus d'exorcisme qui va conduire Alina à la mort.
 
 
 
 
"La plupart des grandes erreurs du monde ont été commises au nom de la foi, avec l'absolue conviction que c'était pour une bonne cause", voilà ce que dit Mungiu dans ses notes d'intention. Certes la religion est omniprésente dans ce dernier opus du cinéaste roumain, mais en première ligne, c'est un film qui parle d'amour et de libre-arbitre. Un film qui parle d'un paradoxe vieux comme le monde: l'attention toute particulière qu'ont les bigots à respecter les rites de la chrétienté et la légèreté avec laquelle ils appliquent ses principes fondamentaux dans leur quotidien. Les lenteurs administratives, l'incompétence des fonctionnaires (cela englobe les médecins et infirmière des hôpitaux), autant de relents de l'ère Ceausescu dénoncés férocement par Mungiu.
 
"Au-delà des Collines" met aussi en avant les choix et les options qui s'offrent à nous et qui découlent du lieu de notre naissance, de notre environnement, de notre éducation ou de la communauté à laquelle nous appartenons. Des choix qui au final sont limités pour les deux jeunes femmes et qui sont plus l'expression d'un mécanisme de survie que de réels choix personnels.
 
Double prix d'interprétation féminine pour Cristina Flutur et Cosmina Stratan, ainsi que le prix du meilleur scénario au dernier Festival de Cannes, "Au-delà des Collines" est un film éprouvant mais sublime. A voir d'urgence!
 
 
 
 
Votre Cinécution